Le code des courses au trot a été établi pour mettre le pied à l’étrier aux jeunes pousses souhaitant faire carrière. Ainsi, dans la discipline du trot monté, les apprentis(es) bénéficient d’une décharge considérable pour monter contre les professionnels. Selon les conditions d’une course, cet écart de poids peut parfois atteindre 12 kg entre le poids minimum de 55 kg et les 67 kg des professionnels. Les petits gabarits, bien souvent les jeunes femmes, ont logiquement moins de mal à flirter avec le poids minimum, ce qui permet chaque année à de jeunes demoiselles de mettre en évidence leur talent et d’obtenir de bons résultats. Coup de projecteur sur deux apprenties talentueuses qui affolent les compteurs et qui devraient rapidement franchir le cap des 50 victoires, synonyme d’accession au statut de professionnel.

Nom: Desmigneux  Prénom: Emeline  Age: 22 ans  Victoires: 42   

Briller dans la discipline du trot, Emeline Desmigneux n’y était pas forcément destinée. Même si, à l’image de sa famille, elle a toujours été bercé par les trotteurs, c’est dans un premier temps vers le monde du galop que cette jeune apprentie décide de s’orienter. Adolescente, elle suit un CAP à l’école de jockeys de Chantilly avant de faire son stage d’apprentissage aux côtés d’un certain André Fabre et de son épouse dans l’une des écurie les plus réputée au monde. Durant trois années, elle s’occupe du champion New Bay (vainqueur du Prix du Jockey Club et troisième du Prix de l’Arc de Triomphe en 2015) et apprend son métier sous les conseils avisés du grand entraîneur français. Cependant, les contraintes alimentaires afin de garder la ligne pour faire le poids se révèlent particulièrement éprouvantes et ses participations en courses sont trop irrégulières. C’est donc naturellement qu’elle se tourne vers le trot et découvre beaucoup de plaisir à travailler aux côtés de son père en lui prêtant main forte au sein de l’écurie familiale.

Disposant de plus de liberté pour monter en course et aussi à l’aise derrière un sulky qu’en selle, la jeune femme se fait la main sur les hippodromes provinciaux durant plusieurs années. Il lui faut un peu moins d’une vingtaine de victoires en région avant de remporter, le 30 novembre dernier, un succès tant attendu sur l’hippodrome de Vincennes avec Dolce Vita Phédo. Une victoire prestigieuse sur la cendrée parisienne qui en appelle 12 autres durant le meeting d’hiver, dont 3 avec Carly (vidéo). Cette association avec le protégé de Thierry Duvaldestin lui permet de se distinguer dans de belles épreuves et d’occuper à ce jour la première place au classement des apprentis lads-jockeys en trot monté.

La seine-et-marnaise marche ainsi sur les traces de son frère Florian, véritable “modèle” et lauréat en 2015 dans cette même spécialité. Elle devance son frère de deux victoires au classement de l’Etrier d’Or, dans lequel elle figure à la troisième place derrière Alexandre Abrivard et Eric Raffin, deux grands habitués du podium ces dernières années. C’est dire à quel point cette apprentie très exigeante envers elle-même force le respect, elle qui totalise déjà 15 victoires au trot monté et 3 au trot attelé depuis le début de l’année 2019. Vu son potentiel, inutile de conseiller aux parieurs de la suivre avec confiance lorsqu’ils font le papier.

Nom: Collet  Prénom: Mathilde  Age: 20 ans  Victoires: 45   

Une carrière est faite de nombreuses rencontres et relations, mais s’il y en a bien une que Mathilde Collet n’est pas prête d’oublier, c’est bien celle qui la lie depuis bientôt un an et demi à sa jument de coeur Daytona Jet. Si le talent de cette jeune apprentie ne fait aucun doute, c’est cette association couronnée de succès qui la révèle aux yeux des passionnés et on peut dire que la partie n’était pas forcément gagnée d’avance pour se faire un nom. En effet, contrairement à beaucoup d’acteurs du milieu des courses hippiques, sa famille n’est pas du sérail et c’est lors de son apprentissage chez Thierry Gauchet que la jeune fille découvre le monde du trot. Elle effectue ensuite une saison dans le sud chez Igor Pierre Blanchon où elle engrange ses premières victoires avant de prendre du service chez Jean-Luc Dersoir, à Grosbois, durant le meeting d’hiver 2016. Elle apprend beaucoup avec l’entraîneur de l’écurie Luck. Mais, en manque de résultats, elle rebondit chez Stéphane Meunier, dans l’Orne, pour une collaboration qui va s’avérer fructueuse. Très active à l’écurie et autant impliquée à l’entrainement des chevaux de courses qu’aux soins, Mathilde Collet se voit confier par son patron, le 10 decembre 2017, les rênes d’une pouliche de 4 ans qui va changer le cours de sa jeune carrière.

Associée ce dimanche-là à Daytona Jet sur la cendrée de Vincennes, elle s’empare d’une belle seconde place. La petite trotteuse de l’Ecurie Du Londel lui offre, la semaine suivante, sa première victoire dans le temple du trot en s’envolant dans la ligne droite. Rebelote 8 jours plus tard en guise de cadeau de Noël, avant une victoire de prestige dans le Prix Offshore Dream, le week-end du Prix d’Amérique 2018. Félicitée sur le podium de Vincennes par Pierre Levesque, la jeune femme de 19 ans est récompensée de ses efforts. Si les mois qui suivent sont parfois difficiles en termes de résultats, c’est lors du meeting d’hiver suivant que la normande refait surtout parler d’elle.

Lors du Prix de Roubaix (vidéo), c’est encore avec sa “Dayto” que la jeune apprentie entre dans le cercle fermé des jockeys à gagner une course de Groupe. Elle participe même avec sa crack au Prix de l’Ile de France (Groupe I), l’une des plus belles courses au trot monté. Son année 2019 lancée, elle enchaîne ensuite les victoires, totalisant 10 succès depuis le 1er Janvier en démontrant souvent beaucoup de talent. Comme lors de son dernier succès à Vire, où la jeune femme sort le grand jeu et arrache la victoire après avoir concédé beaucoup de terrain en début de parcours. Peu connu il y a encore 2 ans, le nom de Mathilde Collet devrait, à l’avenir, continuer  de s’écrire régulièrement en caractère gras.

Dans un futur très proche, une fois leur statut de professionnel en poche, ces deux jeunes femmes feront intégralement partie du monde des grands. Elles devront rivaliser, à poids et armes égales, avec les meilleurs jockeys français, à un stade où seuls les meilleurs ex-apprentis continuent la compétition. Vu leur potentiel, on leur fait confiance pour suivre le chemin des plus fines cravaches et continuer de voir leurs noms s’inscrirent dans les programmes de trot. 

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