LES COURSES DE GALOP

Faire le Papier

L’expression «faire le papier» définit l’exercice quotidien du turfiste à savoir réaliser une analyse permettant de deviner l’arrivée d’une course hippique. Cette expression provient de l’époque où les parieurs regroupés dans les hippodromes et bars PMU se servaient de leur journal pour analyser les performances des chevaux.

Repérer si une course est ouverte ou non, connaître les catégories de course, analyser les performances des chevaux et des professionnels pour en tirer des enseignements: faire le papier peut vite devenir un art pour un parieur sérieux désirant livrer le meilleur pronostic possible. Même si les courses comportent toujours des impondérables, comme une chute, un mauvais départ ou un parcours difficile. Le turfiste gagnant doit mettre toutes les chances de son côté pour réussir: bien faire le papier est en cela primordial.

I. ÉVALUER LA DIFFICULTÉ

• Quelle est la catégorie de la course et quelle est son allocation? Pour commencer l’analyse d’une course, il faut savoir à quelle catégorie elle appartient et connaître son allocation afin de différencier une course d’un niveau faible d’une opposition entre galopeurs de classe. Cette observation permettra par la suite de repérer les chevaux qui évoluent dans leur catégorie et ceux qui montent ou descendent de catégorie.

• Observer les conditions de participation à une course avant de s’intéresser au profil des chevaux. Il est important de lire et d’essayer de comprendre les conditions d’accès à une course et ce n’est pas toujours facile. C’est grâce à ce travail que l’on repère les bonnes situations au poids et les bons engagements.

Une fois les conditions de participation observées en détails, les performances et le poids d’un cheval devront être analysés afin de savoir s’il est bien engagé.

Ex: «Une course E réservée aux chevaux n’ayant pas gagné dans l’année une course C ou D sera une bonne course pour un cheval de retour depuis peu à la compétition et ayant gagné l’année précédente des courses C ou D.»

Quel âge et quel sexe ont les chevaux qui participent à la course? Plus un cheval est âgé et plus il est facile d’analyser ses performances. Les courses de poulains et pouliches sont parfois difficiles à déchiffrer et peuvent laisser place à des surprises. Certains jeunes chevaux peuvent se révéler d’une course à une autre et ainsi bousculer une hiérarchie établie sur peu de fondements.

Certaines courses ne sont réservées qu’à des femelles, mâles ou hongres (mâles castrés), d’autres sont mixtes. Dans les courses mixtes, afin d’équilibrer leurs performances avec celles des mâles, les femelles bénéficient d’un avantage au poids qui peut être non négligeable lorsque ces dernières possèdent un physique comparable à celui des mâles.

Combien y-a-t-il de partants au départ de la course? Une course avec un peloton bien garni, peut avoir plus d’incertitude concernant le parcours des chevaux. Alors que si les chevaux sont en petit nombre, un jockey aura normalement plus de possibilités en profitant de toute la largeur de la piste pour choisir sa tactique de course.

Il est aussi important de prendre en compte le nombre de partants lorsque l’on se projette sur les rapports probables d’une course. Les rapports d’une course avec peu de partants et dans laquelle les favoris sont à l’arrivée sont moins élevés qu’une course avec beaucoup de partants.

II. ANALYSER DÉPART & PARCOURS

• Quelle est la distance de la course et quel est le profil du parcours? Il existe des parcours favorisant certains profils de chevaux. Un cheval qui s’est déjà bien comporté sur une certaine distance a des chances de recommencer. Au contraire, on ne peut pas être sûr qu’un cheval bon sur des courtes distances fasse la même impression sur de plus longues et inversement.

En analysant le profil du parcours, le nombre de partants et l’état du terrain, il faut arriver à savoir si les numéros de cordes auront une grande importance dans la course étudiée.

• Quel est l’état du terrain? Il est très important de connaître l’état du terrain pour analyser une course. Certains chevaux ne sont bons que dans un terrain lourd (gorgé d’eau, boueux) et inversement, c’est pourquoi il est préférable de se renseigner sur la météo si l’on fait le papier à l’avance.

III. REPÉRER LES « MEILLEURS » CHEVAUX

Un cheval qui a de fortes chances de «participer à l’arrivée d’une course» n’est pas forcément celui qui a obtenu les meilleures performances. Pour repérer les meilleures chances d’une course, certaines données sont à prendre en compte lorsque l’on fait le papier.

• Comparer les performances en observant «la musique» des partants permet de connaître les chevaux souvent placés ou tombés et ainsi de garder ou d’écarter certains concurrents d’un seul coup d’œil.

Il faut rapidement réussir à voir si on peut détacher plusieurs chevaux qui paraissent au dessus des autres ou s’il s’agit d’une course ouverte. Ensuite il faut rentrer dans le détails des performances des chevaux et regarder s’ils ont déjà brillé dans la catégorie de course du jour. Un cheval avec une belle musique ayant participé à l’arrivée de petites courses peut décevoir. À l’inverse, un cheval ayant obtenu des performances moyennes dans des courses relevées et qui redescend de catégorie peut se mettre en évidence.

• Comparer les valeurs des chevaux et repérer aussi ceux qui ont déjà eu une valeur plus élevée dans le passé en faisant l’arrivée de courses plus relevées.

• Étudier les lignes des courses de références signifie regarder le classement des courses durant lesquelles les partants du jour se sont déjà affrontés. Le but étant de repérer d’éventuelles indications, notamment en comparant les performances et les variations de poids.

• Observer la situation au poids d’un cheval. Pour essayer de savoir si un cheval n’est pas trop chargé, il faut comparer le poids qu’il portait dans les courses précédentes en observant les performances réalisées.

Attention aux chevaux montés par des apprentis car avec leur décharge ils peuvent devancer de meilleurs jockeys assis sur des chevaux favoris mais qui portent plus de poids. La décharge permet à certains chevaux de se retrouver très bien engagés dans certaines courses.

• Prendre en compte la forme d’un cheval. «La forme prime la classe»: cet adage connu des turfistes aguerris se vérifie régulièrement notamment chez les vieux chevaux. Il signifie qu’il est préférable de retenir un cheval supposé moins bon mais qui vient de gagner à un cheval d’une meilleure valeur dont les performances récentes sont moins brillantes. L’adage vaut bien sûr pour des chevaux de même catégorie. La forme saisonnière d’un cheval est aussi une donnée importante à repérer. En effet, beaucoup de chevaux atteignent leur meilleur niveau de forme à une période bien définie de l’année.

• Regarder l’aptitude du cheval au terrain. On sait si un cheval apprécie le terrain du jour en regardant sur quel terrain il a obtenu les meilleures performances.

• Regarder l’aptitude du cheval à la distance. On sait si un cheval apprécie la distance de la course du jour en regardant s’il a déjà obtenu de bonnes performances sur cette distance.

• Regarder l’aptitude du cheval à l’hippodrome. On sait si un cheval apprécie l’hippodrome où va se dérouler la course du jour en regardant s’il a déjà obtenu de bonnes performances sur cet hippodrome. Les parcours des hippodromes étant différents, un cheval ayant obtenu de bonnes performances sur un hippodrome parisien peut réaliser une piètre prestation en région et inversement.

• Analyser les numéros de corde. Ces numéros ont une grande importance dans certains hippodromes ayant un tournant placé en début du parcours, surtout si il y a beaucoup de partants dans la course.

Sur certains hippodromes comme Chantilly où Saint-Cloud, lorsque le terrain est bon les petits numéros de corde sont avantagés. Les places à la corde deviennent souvent un désavantage lorsque le terrain est lourd, les chevaux à la corde se retrouvent dans un terrain très compliqué et dont l’état va empirer au fur et à mesure des courses et du passage des chevaux.

• Se méfier des chevaux supplémentésIl faut toujours se méfier d’un cheval supplémenté, car si son entourage a mis la main à la poche pour qu’il puisse participer en dernière minute à une course c’est généralement qu’il est prêt à réaliser une bonne performance.

• Se méfier des chevaux portant des œillères pour la première fois. Un cheval portant des œillères pour la première fois doit normalement être plus concentré sur son travail et peut donc améliorer ses performances. En revanche lorsqu’un inédit porte des œillères, c’est généralement mauvais signe.

• Regarder si le cheval fait une rentréeCertains chevaux courent «frais»: c’est à dire qu’ils sont prêts à réaliser des bonnes performances même si il n’ont pas participé à une course depuis longtemps.

Mais généralement, les chevaux qui rentrent ont besoin d’un ou deux parcours dans les jambes avant d’être à 100%. Une seule façon de savoir s’ils courent «frais», regarder dans l’historique de leurs performances. Cela dépend aussi des entraîneurs, certains sont connus pour présenter leurs chevaux au top le jour de leur rentrée. Il peut aussi arriver qu’un cheval soit victime du «syndrome de la 2éme course». Longtemps absent, un cheval peut réaliser une très bonne rentrée mais souffrir de fatigue lors de la course suivante.

• Se méfier du cheval qui évolue pour la première fois dans une course «à réclamer». Les chevaux qui participent pour la première fois dans les courses «à réclamer» obtiennent un bon pourcentage de réussite. Dans ces courses idéales pour préparer d’autres objectifs, les chevaux «défendus» par leur propriétaire doivent être suivis à l’avenir.

Un propriétaire va parfois jusqu’à perdre de l’argent pour ne pas laisser partir son cheval sous une autre casaque, ce qui peut laisser croire qu’il en espère encore de bonnes performances.

IV. PROFESSIONNELS ASSOCIÉS AU CHEVAL

• Quel jockey est associé au cheval et quelle est sa forme. Même si le jockey ne fait pas tout le travail, il est préférable d’avoir un bon jockey associé au cheval sélectionné et que ce dernier connaisse le cheval. Afin de connaître la forme d’un jockey, il suffit de regarder dans l’historique de ses performances.

• Juger la forme récente de l’entraîneur. La forme de l’entraîneur est aussi une donnée importante. Un entraîneur qui enchaîne les victoires est un bon signe, cela signifie que les chevaux de son écurie sont en forme.

 Il arrive parfois que des virus puissent toucher les chevaux de certains entraîneurs ce qui peut affecter les résultats de toute son écurie. Afin de connaître la forme d’un entraîneur, il suffit de regarder dans l’historique de ses performances.

• Connaître les professionnels spécialistes de certains hippodromes ou meetings. Certains professionnels sont de véritables spécialistes de certains hippodromes ou meetings dans lesquels ils s’illustrent chaque année avec des chevaux préparés dans ce but précis.

• Repérer les «courses visées» par les professionnels qui effectuent de longs déplacements. Il arrive qu’un jockey ou qu’un entraîneur habitué à participer à des courses dans une certaine région de France fasse un long déplacement loin de ses bases. C’est généralement un bon signe :  pourquoi traverser la moitié de la France et s’infliger un long déplacement si ce n’est pas pour espérer rentrer avec une allocation.

Les jours de courses, il est courant qu’un entraîneur «mette dans le camion» plusieurs chevaux. Si l’un des chevaux peut avoir une chance de briller ce n’est pas forcément le cas de tous. L’entraîneur va parfois profiter du bon engagement d’un de ses chevaux pour faire le voyage avec d’autres éléments de son écurie qu’il va préparer pour d’autres courses à venir.

Pour faire un bon papier, il faut arriver à repérer les professionnels ayant préparé leur cheval pour un objectif précis, ce que l’on appelle aussi une «course visée».

V. INTERPRÉTER PRONOSTICS & COTES

• Observer si le cheval fait partie des pronostics de la presse. Une fois l’étude de la course terminée, il est préférable de voir si le cheval sélectionné fait partie des pronostics de la presse. S’il est important de garder son libre arbitre, c’est une indication qui peut conforter l’idée qu’un cheval a sa chance. Cela peut aussi donner une idée de la cote qu’aura le cheval, car si tous les pronostics donnent le cheval vainqueur ce dernier partira sans doute favori.

À l’inverse, un cheval peu cité dans les pronostics des spécialistes risque d’avoir une cote intéressante. Tout dépend la cote que l’on cherche à toucher. De nombreux supports permettent d’avoir accès à des informations importantes afin de peaufiner ses analyses, comme les interviews de professionnels, les chevaux repérés…

• Analyser les cotes c’est apprendre à interpréter les cotes pour déterminer si elles incitent au pessimisme ou à l’optimisme. Quand la cote d’un cheval est basse, cela veut dire que beaucoup de joueurs lui ont fait confiance, ce qui peut inspirer à l’optimisme. À l’inverse, si la cote d’un cheval est haute, cela signifie que les parieurs ne l’ont pas assez joué et c’est généralement un mauvais signe.

Avec de l’expérience un turfiste doit vite voir si la cote du cheval qu’il a sélectionné correspond à celle qu’il attendait. Il doit aussi savoir tirer profit d’un outsider qu’il considère pas assez joué et délaisser un cheval favori à une cote qu’il juge trop faible.

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